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Le rite traditionnel E’nnang Leng (s’«asseoir sur sa chaise ») à Bafou (suite)

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Cliquez sur le lien suivant pour la première partie : Le rite traditionnel E’nnang Leng (s’«asseoir sur sa chaise ») à Bafou

Note du webmaster : Nous avons reçu et publié sous la plume de Mr ATSIAPOUO Laurent AZAMBOU, un article sur la cérémonie traditionnelle appelée « s’asseoir sur sa chaise».

Au vu de vos multiples réactions, nous déduisons que cet important texte vous a sûrement accrochés. Le débat n’est pas encore clos sur le sujet. Bafou.org étant un forum du donner et du recevoir, nous vous présentons ci-dessous sur le même sujet, une contribution riche et également bien fouillée, qui a fait l’objet d’une conférence lors de la descente d’une forte équipe de bafou.org sur le terrain à Bertoua. Tant bien que mal, et au risque de trahir la pensée de ses auteurs, nous vous présentons ci-dessous une économie du texte de huit pages objet de la conférence donnée à Bertoua le 06 Octobre 2012. Vos observations sont les bienvenues car nous en avons besoin pour une meilleure compréhension et une bonne maîtrise de nos us et coutumes. /-

Guy Mathurin Nguezet

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Le rite du «E’NNAN’HA LENG » ou « s’asseoir sur sa chaise »

Préparé par ASSO-MO’OH avec la collaboration de M. AZOGNING Pierre

Et présenté Par MO’OH TEGNI NDZIKA TETSA Nestor

«E’NNAN’HA LENG » désigne en langue Yemba, une cérémonie traditionnelle qu’une personne est appelée à organiser à un moment donné de son existence pour affermir sa place au milieu des siens, défunts d’abord et vivants ensuite afin de s’intégrer et de s’affirmer comme membre actif de son milieu. Ces espaces vectoriels sont, le domicile du parent (parmi ses frères et sœurs), celui des grands parents (maternels et paternels), celui du Tê-Nkap ou la concession du célébrant. Dans chaque domicile, il existe toujours un officiant qui peut être distinct du maître des lieux.

Après avoir pris rendez-vous, la personne qui va s’asseoir sur la chaise se présente, en compagnie des membres de sa famille et de ses amis, au domicile convenu. Après les civilités d’usage, la cérémonie consiste à amener cette personne à l’autel sacré où sont conservés les crânes pour la présenter à ses ancêtres afin qu’il y obtienne l’onction et la bénédiction de ces derniers.

I- IL EXISTE PLUSIEURS TYPES DE LENG :

a) ALENG M’BAH MO’OH MOO : Cette cérémonie se fait à l’attention du père, (présent ou représenté par son héritier), dans la concession de ce dernier et concerne ses fils garçons en présence de leurs sœurs.

b) ALENG M’BAH MO’OH MOO NDIÊH : Celle-ci se fait à l’attention du grand-père maternel et du grand-père paternel à son domicile par leurs petits-fils. Il faut préciser ici que seuls les garçons en âge majeur font ce rite.

c) ALENG NGANG M’BAH : Cette cérémonie se fait (à l’attention du père) par l’héritier dans la concession de ce dernier s’il ne l’avait pas fait avant de lui succéder.

d) ALENG NGUIA NDZÊEH : C’est une chaise dont les contours ne sont connus que par les membres des sociétés secrètes. (Intronisation du nouveau Fo’o ou intégration de l’héritier d’un des Me kem levouoh ou Me kem Sabiah).

e) ALENG M’BAH TÊ-NKAP : Elle est la plus contraignante dans toute la région Bamiléké du fait son caractère qui sort du commun (servage).

1- Historique de Tê-nkap

A l’époque du servage ; certaines personnes (hommes comme femmes) qui n’appartenaient pas à la lignée royale pouvaient être vendues comme esclaves ou séquestrées à la chefferie ou chez un grand notable sans que les auteurs ne soient inquiétés. Une femme pouvait être vendue même avec sa progéniture et devenir la propriété d’un nouveau maître. On pouvait aussi « placer la femme » en gardant ses enfants.

C’est à partir de ces transactions d’une époque de ténèbres qu’est née l’expression « E’nde Zouh Zouh» (j’ai seulement acheté) ou encore « Tê-nkap » qui signifie celui qui a des droits sur ces personnes et sur leurs descendants dont il est « le père » tout juste parce qu’il a mis les moyens en jeu ou son argent pour les avoir. Acheter un esclave était donc un investissement ad eternam. Tê-nkap veut donc littéralement dire « le propriétaire grâce à son argent ou du fait de son argent ». Tous les descendants des personnes issues de ce genre de transactions devaient payer un tribut à leur maître et même à une autre personne désignée par ce dernier au cas où il décède. Comme la femme est appelée à se marier, toute sa descendance va payer ce tribut ad eternam (à perpétuité) chez ce maître.

Quant à l’homme, il paie ce tribut pour lui seul et cela s’arrête puisqu’il ne « produit » pas d’enfants au sens de la femme. Et après tout, on avait donné la chèvre du Tê-nkap pendant sa dot.

On distingue plusieurs catégories de Tê-nkap :

1. Le Tê-nkap proprement dit :

C’est l’ayant-droit comme défini plus haut sur une marchandise (un esclave, ses enfants et tout ce qui en résulte).

2. La reprise de Tê-nkap (Letsui jouo nkap) :

C’est le cas où l’ayant-droit légitime reprend le droit de Tê-nkap confié pour un temps à une tierce personne. On le ressent surtout pour les cas de régence. A la fin de la cérémonie, une forte récompense constituée d’un bouc (Ngning weh mboon) est offerte au Tê-nkap qui se décharge.

Les choses à fournir sont celles qu’il faut pour s’asseoir sur la chaise chez le Tê-nkap à la différence qu’il faut plutôt un mouton à la place de la chèvre. Après la cérémonie, le remettant ou ancien conservateur prend un caillou qu’il remet au repreneur pour symboliser le crâne de l’ancêtre. Il lui donne aussi une bouture de l’arbre appelé « Atsia » qu’il ira planter chez lui. Il donne le ndeng, un morceau de bambou où on a percé deux trous et enfilé une corde comme le tribart (ak’hôti kouna) qui sert à retenir le porc dans son enclos. Ce bambou sera accroché à l’entrée de sa porte en signe de preuve qu’il est désormais le Tê-nkap qui jouit de tous les droits. Il devra oindre et fêter ce crâne virtuel (le caillou) en organisant une cérémonie au cours de laquelle il partagera de l’argent à ses frères et sœurs avant de mettre le crâne dans le Lepa. A compter de ce jour, on n’ira plus chez l’ancien Tê-nkap

3. Le Tê-nkap par rachat (Lezou jouo nkap)

Une personne se sentant financièrement solide peut se rapprocher de son Tê-nkap pour négocier le rachat des droits et devenir le Tê-nkap de sa famille qu’on appellera désormais (E’tsou Nkap Nguia). Cette opération s’apparente à la dot car elle est assez onéreuse. La famille se charge de désigner l’officiant titulaire qui mènera les transactions. Les objets à fournir sont celles qu’il faut pour s’asseoir sur une chaise chez le Tê-nkap à la différence qu’il faut plutôt un bélier à la place de la chèvre. La passation définitive de pouvoir est matérialisée comme ci-dessus par la remise, à l’acheteur, d’un caillou, d’un tribart symbolique (morceau de bambou) et d’une bouture du Atsia.

V. LA CÉRÉMONIE PROPREMENT DITE DU LENANN’HA LENG

Il existe une très grande similitude entre les différents cas de E’nnan’ha Leng ci-dessus évoqués, nous nous appesantirons sur Aleng Tê-nkap, Aleng Mo’oh Mo’o et celle de Mo’oh Mo’o Ndieh.

V.1. E’nnan’ha-Leng M’bah Tê-nkap

V.1.a. : Liste des objets à apporter :

Pour s’asseoir sur la chaise chez le Tê-nkap, il faut prévoir :

- Deux chèvres

- Une tine d’huile

- Un sac de sel

- Deux chapeaux traditionnels

- Deux boubous

- Deux cornes de bouc

- Deux chaises traditionnelles (Akoh)

- Deux gousses de Ndeuh-Ndeuh

- De la poudre d’acajou (E’peuh)

- De la nourriture (taro, Kondrè et autres)

- De la boisson

- Un porc qu’on tuera et dont le Tê-nkap aura la partie postérieure comprenant les deux cuisses. Le reste sera partagé aux personnes présentes.

V.1.b.  Déroulement de la cérémonie :

La famille d’accueil vérifie et valide la conformité des colis apportés avant d’ouvrir les négociations. Tout se passe comme à une cérémonie de dot.

Les négociations débutent par les échanges de salutations suivies du « E’ssoh Nkô’h » de « la chose » (A’jouôh) du Tê-nkap (montant à lui verser) et du sel (argent) pour les invités présents.

Ensuite on se déporte vers le lieu sacré où sont conservés les crânes des ancêtres :

- Le sujet habille le Tê-nkap du premier boubou, le coiffe du premier chapeau et lui donne l’une des deux cornes de bouc.

- Il pose également l’argent sur les deux sièges

- Le Tê-nkap l’habille du deuxième boubou, le coiffe du deuxième chapeau et lui donne la deuxième corne de bouc.

- L’officiant prend de l’acajou ainsi qu’une pincée de terre dans l’autel des crânes. Il les mélange et en frotte sur le front du sujet en évoquant le motif de la cérémonie. Il priera les ancêtres d’intercéder auprès des dieux de la famille, du quartier et du village pour le bonheur et la prospérité du sujet et de sa famille. Une partie de cette terre est emballée pour être emportée par le sujet ainsi qu’une gousse de Ndeuh-Ndeuh que l’officiant lui remet.

- Les gens présents se joignent au Tê-nkap pour soulever le sujet afin qu’il se lève de son siège en sautant joyeusement comme s’il était mû par un ressort.

- Le Tê-nkap prend l’argent qui avait été préalablement déposé sur les deux sièges. C’est après ce rituel que commencent la gastronomie et les réjouissances de grande facture car c’est une bataille gagnée.

V.2. : E’nnan’ha-Leng M’Bah Mo’oh Moo :

V.2.a. : objets à apporter : Pour s’asseoir sur la chaise chez MO’OH MO’O, le postulant apporte tout ce qui figure ci-dessus à l’exception du porc à tuer.

V.2.b. : Déroulement de la cérémonie : exactement comme ci-dessus chez le Tê-nkap. A la fin, le fils emportera avec lui son siège, son boubou et sa corne de bouc qui lui servira de verre à boire comme un homme anobli. Il pourra désormais boire partout avec ce genre de verre même si ce n’est pas le sien et s’asseoir également sur un Nkoh.

V.3.: Lennan’ha-Leng M’bah Mo’oh Mo’o Ndieh

Il faut préciser que ce rite se fait de la même manière tant chez le grand-père paternel que chez le grand-père maternel. Les objets à apporter et le rituel de la cérémonie sont les mêmes que ci-dessus.

V.4. : E’nnan’ha-Leng Ngang M’bah

Pour s’asseoir sur la chaise du Ngang M’Bah, il faut également avoir apprêté pour la cérémonie, les objets qui figurent ci-dessus. La cérémonie se déroule à l’autel sacré ou lieu de conservation du crâne du défunt père.

Elle est officiée par le fils aîné de la famille qui porte le titre de Assob. Ce dernier habille le père du premier boubou. Il prend la poudre d’acajou ainsi que la terre du lieu de conservation du crâne du défunt papa. Après l’avoir aspergé de sel, d’huile et après avoir versé la sauce jaune de taro, éparpillé des morceaux de plantain, de la viande et versé de l’eau et de la boisson dans les canaris de l’autel des crânes, il frotte ce mélange d’acajou et de terre sur le front du nouveau père et de tous les enfants de la concession en évoquant l’objet de la cérémonie et en priant le défunt père et les autres défunts de la famille d’intercéder pour le bonheur du nouveau père et celui de tous les autres membres de la famille présents et absents.

Ce fils aîné fait asseoir le père héritier sur la chaise couverte d’argent par celui-ci et le lève en compagnie de tous les enfants de la concession en signe de solidarité, d’union et de l’allégeance au nouveau père qui leur partage de l’argent. Ce sera pour lui l’occasion d’officialiser les titres donnés par son défunt père à lui-même et à certains de ses frères et sœurs, puis, de décerner de nouveaux titres à ses ma’ah et à ses autres « enfants » méritants.

C’est à partir de ce jour que l’héritier confirme qu’il est devenu le père de tout le monde à commencer par ce premier fils appelé Assob. Désormais, c’est lui-même, ou toute autre personne désignée par lui, qui officiera à l’occasion de ce genre de cérémonie. La chèvre ainsi que le deuxième boubou, le chapeau et autres tributs de l’événement (queues de cheval, grands sacs en fibre raphia (e’mbô’h), bracelets cylindriques, argent préalablement posé sur la chaise du nouveau père,... etc.) seront la propriété du fils aîné, officiant du jour.

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