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« Travail social et Sida en Afrique. Au cœur des souffrances »

Note L’auteur est diplômée de l’ENAS depuis 1999 et elle prend contact avec les PVVIH (Personnes vivant avec le Virus de l’Immunodéficience Humaine) au Centre de traitement Agrée de l’Hôpital Central de Yaoundé. En tant que Travailleur social, elle a pris rapidement conscience de l’immensité de son travail et réaffirme son dévouement à diminuer les souffrances humaines.

 

Au-delà des différentes connotations attribuées par des PVVIH à cette maladie (colère de Dieu, sorcellerie, mauvais sort, poison lent, maladies des prostituées et des homosexuels…), et aussi, loin de percevoir le sida comme un problème social ou un problème de santé public, l’auteur conçoit la maladie plutôt comme « un révélateur des problèmes sociaux ». Cette analyse qui se veut originale se fonde sur le fait qu’elle a pu toucher du doigt les douleurs et les souffrances des victimes et même des personnes affectées par le VIH Sida.

Vu le principe de la confidentialité et du secret professionnel qui constitue l’élément moteur de l’exercice de la profession, vu le degré et le nombre problèmes sociaux rencontrés par l’auteur, elle s’est enfin décidée par ces écrits de « rompre le silence ». Cette rupture n’est pas une forme de trahison des confidences, mais plutôt un cri d’alarme d’une militante contre les souffrances humaines. Ainsi, à travers des récits de vie des personnes qui ont vécu ou vivent avec le VIH/Sida, l’auteur décrie en quatre (4) chapitres les problèmes sociaux générés par le VIH/Sida.

Mais avant, dans un 1er chapitre, l’auteur témoigne de son engagement dans l’accompagnement psychosocial des malades qui n’a pas été chose aisée dès le début. Elle précise l’essentiel de son travail qui consiste à recevoir des personnes qui ont reçu des indications au traitement anti-rétroviral et leur explique pourquoi ce traitement et quelles en sont les exigences. Dans une démarche sociologique, de technique de recherche documentaire et de formation à l’appui, l’auteur s’est nettement perfectionné en la matière. Mais au regard du coût du traitement qui anéantissait davantage les malades, fort heureusement, une décision du MINSANTE intervenue en novembre 2007 a octroyé la gratuité des ARV. Berthe Ymelé s’est parfois demandé si elle ne pouvait pas se mettre dans la peau de Dieu pour éradiquer ce mal qui n’a jusqu’à présent aucun traitement curatif. Même si malgré la complexité du travail et le comportement des malades, elle est arrivée à plusieurs reprises à vaincre le découragement, grâce à sa ferme détermination à diminuer les souffrances humaines, elle incite l’opinion publique à comprendre qu’être infecté par le VIH ne traduit pas directement la mort.

Dans le 2ème chapitre, l’auteur présente un regard croisé sur la manière dont les hommes vivent la maladie quelque soit leur classe sociale. A travers des révélations faites par des hommes, Berthe Ymelé dévoile au monde entier toutes les polémiques autour du Sida. Qu’il s’agisse de la richesse (assimilée dans ces circonstances à la sorcellerie) devenue vaine face au Sida (Gregory), d’extrême pauvreté dans un contexte de croyance au charlatanisme, et de problème de faiblesse du système de sécurité sociale au Cameroun (cas de Gérard), de problème de stigmatisation, de discrimination et de violation des droits des PVVIH (cas de Corentin), ces différents cas attestent bien selon l’auteur, que de nombreuses PVVIH trouvent leur maladie s’aggraver par des comportements sociaux tels que le déshonneur, l’humiliation, la chosification, le manque de reconnaissance sociale, etc. Elles préfèrent ainsi la mort que le rejet social.

Face à ce vécu quotidien des PVVIH/sida, l’auteur souligne que la sensibilisation sur ces violations massives des PVVIH et sur la lutte contre la discrimination constituent des défis à relever par les pouvoirs publics à travers les programmes de prévention et de prise en charge du VIH/Sida. C’est d’ailleurs dans cette optique que l’auteur salue l’initiative du REDS (Réseau sur l’Ethique le Droit et le Sida) pour la proposition au législateur camerounais d’un « Avant-projet de loi portant droits et obligations des personnes face au VIH/Sida ». A l’endroit du MINSANTE et du MINAS, elle souligne la nécessité de la création des unités de soins palliatifs des « malades en fin de vie » (Il s’agit des malades abandonnés par leurs familles mais qui ont besoin d’être accompagnés en vue de leur rétablissement ou d’un mort dans la dignité).

Dans le 3ème chapitre, l’auteur présente la différence avec laquelle les femmes vivent la maladie, influencées par des pesanteurs socio-économiques, juridiques et socioculturelles. Par le biais des récits des femmes, elle décrie les réalités autour des origines diverses de l’infection des femmes au VIH/sida. Qu’il s’agisse de l’engagement dans une relation amoureuse après la découverte de sa séropositivité (cas de Mariam), de la fidélité absolue et des conséquences désastreuses des scarifications, de prise en charge et l’affection à tire postume (cas de Magdalene), des problèmes d’ « éthique de la recherche » et d’absence éclairé des patients (Agathe), des problèmes du respect de la volonté du decujus et de l’accès au soins (Maffo), de discrimination en milieu professionnel (Lysa), ces nombreux cas attestent pratiquement les éléments de vulnérabilité des femmes face à la maladie.

C’est d’ailleurs ce qui l’amène à faire un plaidoyer pour une prise en compte accrue de l’aspect « genre » dans la lutte contre le VIH/sida (objet du 4ème chapitre). Ainsi dans ce chapitre, elle évoque les facteurs sociaux culturels et structurels tels que la discrimination, l’inégalité entre les sexes, les violations des droits de la femme et certaines pratiques culturelles de plusieurs régions du Cameroun qui freinent énormément les efforts de lutte contre le VIH. L’auteur constate par ailleurs la « féminisation de l’épidémie à VIH » au Cameroun et souligne fortement que les facteurs de vulnérabilité résident dans la dépendance économique et sociale des femmes et l’absence du pouvoir de prise de décision de la femme sur les questions relatives au sexe. Comme le souligne clairement l’auteur : « le faible pouvoir économique de la femme est un facteur aggravant de l’infection à VIH. La pauvreté les rend plus vulnérables et les prédispose à accepter des rapports sexuels comme source de revenus, dans le modèle social où elles n’ont pas toujours la force de négocier le port du préservatif » (Voir cas de Irma, p. 92).

Outre ces facteurs, il est clair que les politiques et programmes de prévention de lutte contre le VIH au Cameroun sont limitées dans la mesure où la législation nationale en vigueur contribue de façon directe ou indirecte à la vulnérabilité de la femme face au VIH. En plus de l’indisponibilité des préservatifs féminins, la loi autorise les mariages polygamiques mais, ne limite pas le nombre de concubine que peut avoir un homme en plus de ses épouses légitimes (Le concubinage n’est pas légalisé au Cameroun). Ce qui fait qu’une femme mariée risque d’être exposée à l’infection à VIH à travers son mari sans le savoir. En outre, la multiplicité d’ « union libre » au Cameroun, qui selon le Code civil n’octroie aucun droit à la femme, accroît elle aussi la vulnérabilité de la femme ; dans la mesure où, qu’il s’agisse de l’adultère, du divorce ou de la répartition des biens, le Code civil prévoit des discriminations à l’endroit des femmes.

Face à tous ces problèmes, l’auteur lance un cri d’alarme à l’endroit du gouvernement pour la mise en place des reformes institutionnelles qui permettront aux femmes d’éviter l’infection, de prendre des mesures préventives pour aider ceux qui ne sont pas encore infectés à le demeurer, bref de consacrer des droits favorables aux femmes dans les domaines particuliers de l’héritage, de violence sexuelle ou conjugale, dans la répartition des biens après le divorce et de l’accès aux services sociaux.

« Travail social et Sida en Afrique, Au coeur des souffrances » se résume donc à cet ensemble de doléances non seulement à l’endroit du gouvernement camerounais, mais aussi et surtout à l’endroit des gouvernements africains en vue de lutter contre la propagation de la maladie, de faciliter l’accès au soins, de consacrer une prise en compte considérable de l’approche « genre »dans les politiques de prévention et de lutte contre le VIH/sida et enfin d’alléger les souffrances des PVVIH et des personnes affectées.

Carole Valérie KEMKENG NOUAZI,

Chercheuse en Droit Public

Note

 

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