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MENDZONG SA’AGHANG : Les guerriers du développement

MENDZONG SA’AGHANGP1

Les guerriers du développement

Les membres de la centrale Sa’aghang Bafou de Yaoundé se sont accordés pour redéfinir leur mission.

Devenir de manière concrète une passerelle de développement du groupement Bafou. Mettre à contribution  tous les efforts et les intelligences dont Bafou regorge pour créer des activités génératrices de revenus, pour la prospérité du groupement et par là même celle du Cameroun tout entier. Panélistes et participants sont unanimes sur ces nouvelles missions du Mendzong. Les débats se sont déroulés ce 28 juillet à la chefferie Bafou de Yaoundé. C’est à la faveur d’une table ronde organisée par la centrale Sa’aghang Bafou de Yaoundé, dans le cadre de sa semaine culturelle débutée le 25 juillet dernier.

P3En trois heures d’horloge les échanges ont été riches. Le modérateur Guy Mathurin NGUEZET a su diriger la parole entre les intervenants  de marque et un auditoire toute ouïe. « La contribution du Mendzong dans le développement du groupement Bafou » est donc le fil rouge des discussions. Pour une meilleure compréhension, l’on est parti de la genèse même du Mendzong, de sa définition. Pour Fo’o Mentah NGUIATSIP2 Etienne, le coordonateur de la centrale Sa’aghang Mendzong, l’élément déclencheur est la nécessité de se connaître par tranche d’âge. « Autrefois, lorsque nos parents perdaient l’un des leurs, ils pouvaient affirmer avec exactitude : nous restons tel nombre. »

C’est dire l’importance de se regrouper par clan d’âge (Mendzong) d’abord pour se connaître, (combien sommes-nous ?) ensuite pour réaliser des actions fortes. La définition remonte également à l’antiquité. C’est une association de jeunes ayant sensiblement le même âge et dont la mission première est de bâtir le village et le protéger. Une véritable armée. Accomplir les tâches difficiles à l’instar de construire les routes, les maisons, la chefferie, combattre et annexer les territoires faibles. Discipline, courage et ruse sont alors les maitres mots du Mendzong, accompagnés d’une fidélité sans bornes.

P5Il existe plusieurs clans d’âge. Menkem Djeuh NGUEMDZI Léonard les énumère, explications à l’appui. Sa’aghang Mendzong par exemple sont ceux là qui réussissent la traversée d’une forêt immense pour combattre l’ennemi et le vaincre. Une marque forte de courage. Toutefois, aujourd’hui ces valeurs ne sont que l’ombre d’elles mêmes. D’abord par ce que le contexte a changé. « Après les indépendances, on a désormais un Gouvernement constitué, une armée formée pour les missions qui avaient été celles du Mendzong » explique encore Menkem Djeuh NGUEMDZI Léonard. Dès lors, la question qui saute aux yeux de tous, trouve sa réponse dans le thème des échanges. Quel est donc le rôle du Mendzong aujourd’hui ?

Une mission à accomplir

Le développement, encore le développement, l’unanimité est consommée. Tegni TekoudjouP8 DONGMO André, Sop Tsopgny Théophile, Maitre TSOBENG, entre autres, s’étendent longuement sur cet aspect. «  Créons des entreprises, des Gic (Groupe d’initiative commune) dans de domaines divers comme l’éducation, le transport, l’import-export,  bref soyons pragmatiques» soutiennent-ils. Un appel appuyé par le modérateur qui pense pour sa part qu’au-delà des aspects importants de notre culture, nous devons avoir le flair de l’économique.

Plusieurs fois, l’exemple des autres villages Bamiléké sont mis en exergue. Batié, Bansoa et autres dans les départements du Haut-Nkam et de la Mifi, nous battent en matière de développement. Ce sont des  exemples à capitaliser. « Tout dépend de la volonté des hommes ! » renchérit Tegni Tekoudjou.

L’union fait la force

En effet, la communauté Bafou de Yaoundé s’estime à plus de 15 000 hommes et femmes. Une conviction est partagée : s’ils abandonnent leurs réflexes individualistes et égoïstes, l’éclosion du groupement ne serait alors qu’une question de temps. Dans le registre des atouts qui peuvent booster ce développement, les chiffres parlent d’eux même. Dans un même village, on retrouve huit collèges et lycées de l’enseignement secondaire, plus de 43 écoles primaires, plus de 60 professeurs d’université, des milliers d’enseignants et d’ingénieurs, Bafou est décidément une mine d’intellectuels. L’un des villages les plus scolarisés du Cameroun. A ce titre, pourquoi ne pas tirer avantage de ces réussites ? interroge le modérateur. Il s’agit de capitaliser ces intelligences afin qu’elles produisent de la ressource financière, génèrent des emplois en ces temps difficiles, bref, il faut créer.

Pour revenir sur certains freins à l’expansion du groupement Bafou, toute l’assistance est d’une même voix pour encourager les fils et filles Bafou à s’aimer, à s’entraider, à développer l’esprit du groupe, du collectif, de solidarité. Des qualités que l’on retrouvait jadis au sein des clans d’âge (Mendzong). «  Il est tant que nous regagnions ces vertus pour éviter la perdition » appui Menkem Djeuh NGUEMDZI Léonard.   

Et le folklore ?

L’aspect folklorique des coutumes est également débattu. Pour Tegni Tekoudjou DONGMO André, il faut toujours se poser la question : cela nous apporte quoi de positif ? Les tenues et parures qu’on affiche lors des deuils, la boisson qui coule à flots, la nourriture, ces agapes et autres artifices d’extravagance, sont des sommes d’argent dilapidées. Sa proposition,  est une dépense rationnelle de cet argent, sans excès, et savoir gagner en temps. L’exemple des Baham qu’il a vécu dans les Hauts plateaux est assez éloquent. « Quand il y a deuil, c’est dans la nuit que l’on pleure parce qu’en journée les gens sont dans les marchés pour leur commerce. »Des idées qui transformeraient le groupement Bafou déjà grand en superficie et en population, en un géant économique.

P12Dans le même sillage, le chef de la Communauté Bafou de Yaoundé, Fo’o DJOTSA Joseph,  a galvanisé toute la communauté. Des chiffres des réalisations déjà faites ont été communiqués. 1500m2, c’est la superficie du terrain de la communauté Bafou de Yaoundé qui a été acheté. Premier maillon d’une chaine d’actions concrètes qui vont certainement suivre après la table ronde. Tous les Mendzong évidemment sont vivement interpellés pour le rayonnement du groupement Bafou. Un message on l’espère qui ne tombera pas dans les oreilles des sourds.

Gertrude Guimatsia

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